vendredi 9 août 2013

La mère suffisamment bonne

Non, non, je ne vais pas parler ici des MILF (le sujet d'un prochain billet?) mais d'un concept de psychologie.

Premier constat pour moi, ce concept est mal connu et bien souvent mal comprit.

Qu'est-ce que c'est , "La mère suffisamment bonne"?

Le concept est issu des travaux de Donald Winnicott sur le développement du nouveau né. Elle théorise le rôle de la mère dans la fin de l'illusion d'omnipotence du nourrisson et sa transition vers la conscience de soi. L'idée est que le nourrisson a besoin à la fois des soins et des imperfections de la mère pour se développer harmonieusement. Winnicott parle aussi de mère "banalement dévouée".

Avant même de continuer, il faut préciser certaines choses.
  • La "mère" dont il s'agit est la mère symbolique, c'est à dire l'environnement matériel et affectif de l'enfant. Il ne s'agit en aucun cas de la personne physique de la mère. Winnicott ne se préoccupe pas de la mère en tant qu'individu. Ce qui a pour conséquence que :
    • Le père, la fratrie, d'une manière générale les membres de la famille (éventuellement recomposée et homoparentale, n'en déplaise à la Manif Pour Tous) sont inclus dans le concept.
    • Toute tentative d'utiliser Winnicott pour culpabiliser ou au contraire déculpabiliser les mères est absurde et contraire au sens initial de son travail. 
  • Le sujet, c'est le nourrisson et son développement affectif. Il s'agit d'enfant de 0 à 6 mois, puis de la phase de transition qui suit (de 4 à 12 mois). En faire une théorie d'éducation des enfants après cet âge n'a pas de sens.
  • "Suffisamment bonne", c'est aussi "pas trop bonne".
Donc, cette fameuse théorie, c'est quoi?
Le nouveau né n'a pas conscience d'être un être indépendant. Lorsqu'il pleure, une solution (un biberon, un sein,...) arrive à lui directement : il a le sentiment de l'avoir lui même fait apparaître. C'est l'illusion d'omnipotence du nourrisson.
Cette illusion est fondamentale pour l'équilibre de l'enfant. Elle lui permet de contenir ses angoisses "physiologiques". Le rôle de la mère (l'environnement) est dans un premier temps d'entretenir cette illusion, puis par ses imperfections (le temps de préparer le biberon, par exemple) de permettre la transition vers l'étape suivante qu'est la conscience de soi.

Je n'irais pas plus loin sur ce sujet: la littérature (et le net) est remplie d'ouvrage sur le sujet.

 Est-ce qu'on peut généraliser?

On l'a vu, le concept est très spécifique et lié au développement des nourrissons. Il est intéressant car il considère fondamentalement le nourrisson comme sujet, avec ses spécificités qui ne sont pas celle d'un petit adulte. Il n'est pas question de relation mère/enfant, le nourrisson n'ayant pas conscience de l'existence d'une séparation entre lui son entourage (il ne peut donc pas avoir de "relation" au sens habituel du terme).

N'empêche, l'idée est de dire que ce sont aussi nos imperfections qui permettent aux nourrissons de se construire.
L'histoire du nourrisson, c'est aussi l'histoire de l'ensemble de l'enfance : comment sortir d'un lien de dépendance extrême pour transiter vers l'autonomie et l'indépendance.

Cette autonomie, cette indépendance, devrait pour moi être l'objectif principal de l'éducation.
Ce sont aussi nos imperfections qui permettent à l'enfant de s'opposer à nous et de se construire une personnalité propre.
Et prendre conscience que la vision d'un enfant n'est pas celle d'un adulte, et que l'enfant se construit au travers de son environnement au delà de l'aspect strictement relationnel me semble oublié par la plupart des méthodes éducatives modernes (disons en particulier les méthodes dites "éducation non-violente" ou "éducation bienveillante").

Ce qui est important et même fondamental, c'est d'offrir un environnement qui permette à l'enfant de cheminer vers cette autonomie, qu'il ne peut atteindre que par lui même.

Dés lors, accepter nos imperfections et être "banalement dévoués" est un objectif suffisant pour les parents. Cherche la perfection en terme de parentalité est certainement contre-productif, et une fois de plus focalise l'attention de l'éducation sur les adultes plutôt que sur les enfants.

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